La vipère et l'ânesse
Sous l'arbre millénaire une ânesse broutait,
Tranquille, dans l'été simple juste et parfait.
C'est de ces instants-là que la Beauté s'admire
Au chevalet du peintre atteignant cet empire.
À peine entendait-on les chants, au bord des nids
Transmettant aux oiseaux le message infini
Des plumes au printemps. L'ânesse, bienheureuse,
Approuvait pleinement cette école amoureuse,
Au-dessus de sa tête, à l'ombre des bras verts.
L'écoute est le premier talent, dans l'univers...
Venant d'on ne sait où, la vipère, prudente,
Observait les oiseaux, dans leur joie triomphante,
Envoyant vers le ciel mille cris de plaisir.
Ce que l'on vit alors nous donne à réfléchir :
D'un prompt coup de sabot l'ânesse fut en guerre
Et, sans ménagement, fit s'enfuir la vipère
Habituée pourtant, comme on sait, au mépris
Mais quand la terre tremble on cherche un autre abri.
Ce fut instantané. Les oiseaux, d'un coup d'aile
Entonnèrent, plus haut, leur belle ritournelle
Et l'ânesse docile imita le tracé
De la victoire avec ses pavillons dressés
Vers les petits chanteurs de l'arbre millénaire.
Ainsi la Liberté paraissait sur la Terre.
©M.KISSINE – ISBN 9782919390175
Donnons-nous la Paix
Sous l'arbre millénaire une ânesse broutait,
Tranquille, dans l'été simple juste et parfait.
C'est de ces instants-là que la Beauté s'admire
Au chevalet du peintre atteignant cet empire.
À peine entendait-on les chants, au bord des nids
Transmettant aux oiseaux le message infini
Des plumes au printemps. L'ânesse, bienheureuse,
Approuvait pleinement cette école amoureuse,
Au-dessus de sa tête, à l'ombre des bras verts.
L'écoute est le premier talent, dans l'univers...
Venant d'on ne sait où, la vipère, prudente,
Observait les oiseaux, dans leur joie triomphante,
Envoyant vers le ciel mille cris de plaisir.
Ce que l'on vit alors nous donne à réfléchir :
D'un prompt coup de sabot l'ânesse fut en guerre
Et, sans ménagement, fit s'enfuir la vipère
Habituée pourtant, comme on sait, au mépris
Mais quand la terre tremble on cherche un autre abri.
Ce fut instantané. Les oiseaux, d'un coup d'aile
Entonnèrent, plus haut, leur belle ritournelle
Et l'ânesse docile imita le tracé
De la victoire avec ses pavillons dressés
Vers les petits chanteurs de l'arbre millénaire.
Ainsi la Liberté paraissait sur la Terre.
©M.KISSINE – ISBN 9782919390175
Donnons-nous la Paix
De ce que nous ferons ce jour dira le nom
Avant de reposer sur la plage du nombre.
Je mourrai, tu mourras : que l'aphorisme sombre
Éclaire notre esprit d'un bienveillant rayon.
L'instantanéité de la flamme au tison
N'éliminera rien, à l'endroit qui s'encombre,
Hélas, que le bois sec, fataliste pénombre,
Alors que l'essentiel murmure un long pardon.
Tout possible est offert. La juste cause est prête,
Œuvrant dans ce pari de la plus noble quête,
À tenir chaque main tendue vers l'avenir.
Qu'on se rappelle, ou non, l'Arche de l'espérance,
On ne sauvera pas l'humanité qui pense
Au nom des sentiments qu'on s'acharne à bannir.
La paix n’est pas la simple absence de guerre ou de
conflit.
Elle est aussi un processus en quête d’équité,
de justice sociale et de développement.
Indignez-vous et lâchez prise
Lâchez
prise et indignez-vous !
L'équilibre
vous tient debout
Sur le
fil blanc d'une araignée.
La
foule y est souvent dupée
Par les
tribuns des temps nouveaux,
Autant
qu'un à un, les agneaux
Paisibles
dans une accalmie.
La
valse des mots sur la vie
Chante
les contraires de tout :
Lâchez
prise et révoltez-vous.
Dieu,
qui n'écrivit aucun livre,
Est
cité pour ce que délivre
Un
traité d'antériorité
Comme
droit de propriété,
La
certitude prosélyte
Où
l'amalgame entraîne vite
Un
homme à tuer son voisin,
Son
frère, par devoir divin.
Révoltez-vous
et lâchez prise.
Ici est
la terre promise.
Ailleurs,
le prince joue aux dés.
Le
vainqueur dit sa vérité.
Combien
de maximes débiles
Jettent
leur trouble indélébile
Aux
crânes vides et aux fous.
Lâchez
prise et indignez-vous.
Si vous
pensez que l'exigence
Est
démodée dans l'existence,
Étonnez-vous
de vivre encor
Un
jour, une heure, sans remords.
©M.KISSINE –
ISBN 9782919390175
Passifs
De nos tempéraments et de nos caractères
On tient le catalogue à jour pour nos affaires
Avec les arguments, la pierre et le métal.
Il s'agit d'approcher l'équilibre vital.
S'il peut plaire, on présente aux yeux son héritage
En plaignant les jaloux moins gâtés en partage.
Un point sur le parcours suggère doucement
L'idée de supposer un autre jugement.
Sur un socle constant on pose une balance
Aux plateaux innocents puis l'ombre du silence
Éprouve les pressions. Tout est-il bien pesé ?
Qui, la main sur le cœur, jure d'avoir aimé
Plus que tout la Justice, admet une infinie
Tendresse pour lui-même en tant que sympathie
Quand le fléau se penche irrémédiablement.
Le marchand dit un prix, l'homme invente un serment.
©M.KISSINE – ISBN 9782919390175
La mouffette et le singe
La nature a parfois un visage étonnant.
Quand la philosophie voit les intelligents
Régner subtilement sur le monde animal,
Elle décrit l'endroit où le bât lui fait mal
Et, de son expertise, on salue la justesse :
Le faible, c'est fatal, tend son dos à l'altesse
Et garnit l'estomac magnifique du roi,
Depuis la nuit des temps. C'est dur, mais c'est la loi.
Le sage fabuliste étudie les discours
Et les codes secrets dont certains jouent des tours
Pour pimenter le cours lugubre de l'Histoire.
On en plaisante à tort : Dans les trous de mémoire
Il y a tant d'espace pour la vérité
Que pour la tromperie : L'enfer veut exister.
Des contes pour enfants, on connaît la morale :
Un loup, trop affamé par la trêve hivernale,
Égorge l'agnelet qui passe par hasard,
Épris de liberté dans la forêt du tsar.
Hélas ! Que la nature, aux petits, est cruelle
Alors que l'inconnu, sans répit, ensorcelle !
Il était une fois, une seule suffit
Pour changer un parcours encombré d'interdits.
La fable d'aujourd'hui nous paraît incroyable :
Il s'agit d'un dîner où les hôtes sur table
Abordent sans façon des sujets importants :
La rareté des biens qui poussent dans leurs champs.
La mouffette se plaint d'être toujours chassée
Par les hommes ingrats dans toute la contrée.
Ils négligent le bien qu'elle fait en mangeant
Vipères et bourdons, mollusques assommants.
Le singe, à côté d'elle, esquisse une grimace :
On ne peut vivre en paix avec la populace :
Estimez-vous normal d'être toujours moqué
Par les mêmes imbus qui ne font qu'imiter
Notre comportement ? Que n'ai-je ce bizarre
Et terrible parfum dont l'ennemi, barbare
Est si vite estourbi qu'il détale à grands pas.
La blairelle, vexée, lui répond comme ça
Que nulle acrobatie ne protège sa fuite
Et qu'elle vit cachée, en tanière réduite,
Étrangère au bonheur d'habiter librement
Les arbres des forêts, de sourire aux passants.
L'estomac est-il lourd, après le déjeuner ?
On dirait que la table est proche du bucher,
Quand la géographie déplace ses frontières.
Où la chair est coûteuse et rare la lumière,
On trouve à l'étranger de terribles défauts,
Le moindre étant celui de boire la même eau.
Quand il faut partager son petit territoire
On redoute l'odeur, du fond de sa mémoire,
Et le prix à payer d'un peu de liberté.
La mouffette et le singe, en guise de café,
Mesurent au miroir de l'autre leurs limites
Dont chacun prend leçon, comme elle fut écrite
Au fronton parnassien, longtemps avant que Dieu
Négocie avec l'homme un possible non-lieu.
©M.KISSINE – ISBN 9782919390144
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